Don Giovanni
Cette année l'Opéra national de Paris ouvre le bal en nous présentant pour la première fois Don Giovanni avec la mise en scène de Claude Gus.
Issu de la deuxième collaboration entre le librettiste Da Ponte et Mozart, le "dramma giocoso" (drame joyeux ) fait écho à la profondeur du mythe de Don Juan.
La mise en scène de Claude Gus altère la temporalité de la pièce. En effet, les personnages, et tout particulièrement Don Giovanni, sont livrés à eux-mêmes dans cette forêt nocturne. Le metteur en scène imagine que le séducteur Don Giovanni est blessé lors de son duel contre le Commandeur.
En Espagne, Dion Giovanni, chevalier libertin et séducteur blasphémateur, séduit, masqué, Donna Anna, fiancée à Don Ottavio. Alors qu'Anna repousse Don Giovanni, le père de la femme, le Commandeur surgit. Les deux hommes se battent en duel et Anna, consciente du danger qu'encourt son père, va chercher de l'aide. Don Giovanni blesse au cours du duel le vieil homme, qu'il abandonne gisant dans une mare de sang au sol, sans le moindre remords.
Donna Elvira et Zerlina sont toutes deux victimes du libertin. Zerlina abandonne son fiancé et les invités lors de son mariage pour Don Giovanni. Don Giovanni rencontre Donna Anna et Ottavio, mais ignore si Ottavio est au courant de sa rencontre avec sa fiancée.
Masetto, le fiancé de Zerlina, et Ottavio tentent de découvrir la vérité sur Don Giovanni. Ce dernier tente de faire de Leporello, son servant, son bouc émissaire mais plus personne ne le croit.
Don Giovanni finit par brûler dans les flammes des enfers, entraîné par le Commandeur revenu pour venger sa filles et rétablir l'ordre.
Composé dans les dernières années de sa vie, Mozart accompagne ce drame joyeux en jonglant habilement entre légèreté et réflexion. Menant une vie mondaine qui ne lui laisse que très peu de temps pour écrire son œuvre, il ne termine l'écriture de Don Giovanni que le jour même de la première représentation.
Inspiré de Don Juan, inventé dans les années 1630 par le moine Tirso de Molina, Don Giovanni incarne en résumé la morale chrétienne et la sacralité du mariage. En réalité, l'ambiguïté du personnage et de la pièce sont bien plus complexes.
Le duo entre Zerlina et Don Giovanni "La ci darem la mano" et l'air du catalogue, pendant lequel Masetto exalte les conquêtes de Don Giovanni avec humour ( "En Italie, six cent quarante ; en Allemagne, deux-cent trente et une ; cent en France; en Turquie, quatre-vingt onze ; mais en Espagne déjà mille et trois" ) emblématisent cet opéra.